EXHIBITIONS

Inaugural Exhibition: Shomei Tomatsu

Dates: Jun 20 – Jul 25, 2014
Location: Taka Ishii Gallery Photography Paris
Opening reception: Friday, Jun 20, 18:30-

For the opening exhibition of its new space in Paris, in the heart of Le Marais, Taka Ishii Gallery showcases the works of photographer Shomei Tomatsu. A selection of photographs from the 60’s and 70’s renders the talent of this man who is unanimously considered as the father of contemporary Japanese photography. Scenes of everyday life, expressive faces or silent and endless landscapes, Shomei Tomatsu’s photographs, taken in Tokyo, Kawasaki and Okinawa Islands – where he chose to spend the end of his life, until passing away in December 2012 – are nothing but open windows on Japan and its suspended time.

Regarded as one of the greatest photographers of our time, praised by his contemporaries such as Daido Moriyama, Shomei Tomatsu invented a new perspective. As he gave a humanist dimension to post-war Japan, he managed to create an harmony between poetry and politics. Born in 1930, he witnessed the upheavals that his country went through after Hiroshima and Nagasaki nuclear drama. In fact, the photographs he started taking in 1961 of disfigured faces and desolate landscapes due to the bomb contributed to make him famous. These by-now mythical images are monuments of humility and emotion. At the same time, in Tokyo, his lens was drawn to students’ protest movements. From that time, his photography became the encounter of a very distinct aesthetics and of contemporary themes. Then, from 1969 in Okinawa Islands, headquarters of the largest concentration of American bases, this convinced pacifist started to take an interest in the “Americanization” of Japan, which, according to him, formed the most striking feature of the post-war years.

Great master of black and white, unbalanced frames and close-ups became the main elements of Tomatsu’s artistic vocabulary. Whether he focuses on the wrinkles of someone’s face or on the ripples of a sparkling sea, the artist manages to create a tension that is both powerful and calm. Photographer of the wound, even of the waste, he offers a poignant vision of finitude and time.

While regularly adding some text to his photographs, he enjoys describing his practice as a simple but intense “desire to see”. In his work called Taiyo no enpitsu (Pencil of the sun) published in 1975, he wrote: « Photographers are not doctors who cure, lawyers who defend, intellectuals who analyze, priests who offer moral support, storytellers who entertain, signers who raise enthusiasm. They don’t do anything else but look. That’s well enough, that’s all. For a photographer, the look is the key. That’s why the photographer must look at everything that exists, from the beginning to the end. The photographer observes reality head-on, turning his whole body into an eye when he looks at the world ».

It’s this singular look that Taka Ishii Gallery invites you to discover and re-discover today, through a thorough selection of photo prints which bears witness to the freedom and strength of Shomei Tomatsu’s work.

 

Pour  l’exposition inaugurale de son nouvel espace à Paris, au cœur du Marais, la galerie Taka Ishii présente les œuvres du photographe japonais Shomei Tomatsu. Une sélection de clichés des années 60 et 70 rendront compte du talent de celui qui est unanimement considéré comme le père de la photographie japonaise contemporaine. Scènes de vie, visages marqués ou paysages silencieux et  infinis, les photographies de Shomei Tomatsu prises à Tokyo, Kawasaki ou dans l’archipel d’Okinawa – où il avait choisi de passer la fin de sa vie, avant de s’éteindre en décembre 2012 -, sont autant de fenêtres ouvertes sur un Japon au temps suspendu.

Considéré comme l’un des plus grands photographes de notre temps, salué par ses contemporains comme Daido Moriyama,  Shomei  Tomatsu a inventé un regard : portant sur le Japon de l’après-guerre une attention humaniste, il a réussi à opérer le mariage de la poésie et de la politique. Né en 1930, il a été le témoin des bouleversements qui ont marqué son pays dans l’après drame nucléaire d’Hiroshima et Nagasaki. Ce sont d’ailleurs les photographies prises, à partir de 1961, des cicatrices de la bombe incrustées sur les visages et le paysage qui ont contribué à le faire connaître. Ces images, devenues mythiques, sont des monuments de pudeur et d’émotion. Dans les mêmes années, à Tokyo, son objectif est attiré par les mouvements de protestation étudiante. Sa photographie devient dès lors la rencontre entre une esthétique très affirmée et des thèmes contemporains. Puis, à partir de 1969, dans l’archipel d’Okinawa, siège de la plus importante concentration de bases américaines, ce pacifiste convaincu s’intéresse à « l’américanisation » du Japon, qui constitue selon lui le trait le plus marquant de l’après-guerre.

Grand maître du noir et blanc, Tomatsu a fait des cadrages désaxés et des gros plans les éléments de son vocabulaire artistique. Qu’il s’arrête sur les plis d’un visage ou les rides d’une mer miroitante de soleil, l’artiste parvient à créer une tension  à la fois puissante et sereine. Photographe de la blessure, voire du déchet, il offre une vision poignante de la finitude et du temps.

Accompagnant régulièrement sa photographie de textes, il  se plaît à définir sa pratique comme un simple mais intense « désir de voir ».  Dans son ouvrage Taiyo no enpitsu (Pencil of the sun) publié en 1975, il écrit : « Les photographes ne sont pas des médecins qui soignent, des avocats qui défendent, des intellectuels qui analysent, des prêtres qui offrent un soutien moral, des conteurs qui divertissent, des chanteurs qui soulèvent l’enthousiasme. Ils se contentent de regarder. C’est bien assez, c’est là tout. Pour un photographe, le regard fait tout. C’est pourquoi le photographe doit regarder tout ce qui existe, du début à la fin. Le photographe observe la réalité frontalement, transformant son corps tout entier en un œil lorsqu’il regarde le monde ».

C’est ce regard singulier que la galerie Taka Ishii propose aujourd’hui de découvrir ou de redécouvrir  à travers une sélection pointue de tirages qui témoignent de la liberté et de la force de l’œuvre de Shomei Tomatsu.